Bonjour à tous,
Lorsque j'ai débuté l'ébénisterie manuelle j'ai eu énormément de difficulté à obtenir de bons résultats avec l'affutage des lames. Mon problème principal était que je tentais toutes sortes de nouvelles techniques sans jamais en maitriser une parfaitement.
Puisqu'il semble y avoir autant de méthodes/techniques qu'il y a d'ébénistes, je vous incite fortement à en choisir une qu'un ébéniste reconnu utilise, de la pratiquer jusqu'à ce que vous la maitrisiez parfaitement et finalement de décider si oui ou non elle vous convient. Dans mon cas c'est Paul Sellers qui m'a séduit par la simplicité du procédé. Quand ça me prenait 10 ou 15 minutes pour affûter, je repoussais toujours le moment de le faire avec, pour conséquence, un travail mal fait avec les ciseaux et de l'arrachement avec les rabots.
Donc, vous aurez deviné, j'affûte à main levée sans guide. Voici mon coin affûtage.
De gauche à droite: Arkansas translucide, pierre de grande surface genre Rona ou HomeDepot à 10$, plaque diamantée "coarse", India fine et un cuir utilisé avec la pate verte Veritas. La plaque diamantée est pour rectifier la surface de mes pierres. La pierre Rona nécessite une rectification occasionnelle et les autres environ à tous les six mois, voire aux années. Pour l'huile, j'utilise simplement de l'huile pour bébé. C'est une huile minérale avec peu ou pas d'additif. Après toutes ces années à utiliser cette huile, je n'y vois aucun inconvénient et elle est facile à trouver à l'épicerie ou la pharmacie.
A un moment donné, au début de votre incursion en territoire néandertalien, vous devrez choisir entre les multitudes de pierres disponibles; à l'eau du style japonais, à l'huile comme les miennes, au papier sablé, diamantée, etc. A l'époque j'ai choisi les pierres à l'huile pour la durabilité mais je ne savais pas qu'elles étaient beaucoup moins agressives que les autres types de pierre. Maintenant que j'ai une technique que je maitrise bien, leur non-agressivité est moins problématique mais j'ai du utiliser/développer toutes sortes de trucs pour m'aider.
Ma procédure est habituellement est comme suit:
1. biseau sur pierre Rona
2. enlever morfil sur Arkansas
3. biseau sur pierre India à un angle très légèrement supérieur
4. enlever morfil sur Arkansas
5. cuir chargé de pâte verte sur le biseau - 20 à 30 passes en appuyant fortement de chaque côté.
Lorsque je fais de la finition ou pour les ciseaux à bois, la procédure ci-haut de 1 à 4 demeure et j'ajoute:
5. biseau sur pierre Arkansas
6. enlever morfil sur Arkansas
7. cuir chargé de pâte verte sur le biseau et pièce de bois franc avec pâte verte sur le dos.
Sept. 2018: Dernièrement j'étais chez ma fille et j'avais de l'érable à raboter. Mon équipement se limitait à un Stanley 5-1/4 avec du papier sablé 600 et 1000 grains suivi de cuir et pâte verte. Tout le travail a été fait sans aucun problème incluant pas mal de grain de bout. Donc, pour le travailleur occasionnel, la papier sablé est une solution adéquate.
Lorsque je présente le dos des lames sur la pierre Arkansas, voici ce que ça donne.
Vous remarquerez immédiatement que j'ai un appui qui me donne un angle d'environ 3 degrés sur le dos de mes lames (back bevel). Lors de l'utilisation avec un rabot régulier (biseau vers le bas) je ne vois simplement pas de différence entre raboter avec une lame à 45 degrés ou une à 48 degrés. Pour un rabot à angle faible ça n'a absolument aucun impact puisque l'angle de dépouille de 12 degrés est simplement réduit à 9 degrés.
5 juin 2016: Pour un rabot biseau vers le haut, un angle de dépouille de 9 degrés n'est tout simplement pas suffisant. Voir étude sur angle de dépouille qui sera publié vers la mi-juin. Je m'étais donc trompé pendant toutes ces années. Ça fonctionne à 9 degrés mais la durée de vie de lame est très courte parce qu'il n'y a pas assez de d'espace pour avoir un bon angle de dépouille. En fait, 12 degrés n'est pas vraiment suffisant non plus. Je me limite donc au truc de la règle de D. Charlesworth et ma règle est vraiment mince (0.025").
Il est à noter qu'il y a de l'usure sur le dos de la lame pour les rabots à angles faibles. Si vous ne faites pas de petit biseau sur le dos vous allez, éventuellement, avoir de la difficulté à enlever le morfil en gardant le dos de la lame bien à plat sur la pierre. L'usure arrondi la lame tout près du tranchant ce qui vous empêche, lorsque vous gardez la lame bien à plat, d'enlever le morfil puisque celui-ci ne touche pas à la pierre.
Pour les ciseaux à bois, le dos doit demeurer parfaitement à plat. C'est primordial!
La clé pour un bon affutage est d'obtenir ce fameux morfil sur chacune des pierres en partant de la plus grossière et en finissant avec la plus fine. Le cuir sert à polir et est excellent pour enlever ce qui peut rester de morfil.
Pour les rabots à angle faible, puisque la lame est plus courte, je m'aide en attachant la lame dans un guide de Veritas comme celui-ci,
De temps à autre, je réalise que ma lame n'est plus à 90 degrés alors j'utilise le système MkII de Lee Valley ou un guide Eclipse pour rétablir le 90 degrés et je reprend par la suite ma technique à main levée.
Je me suis fabriqué un gabarit pour l'utilisation du guide éclipse. C'est beaucoup plus rapide que de mesurer l'angle à chaque fois ou d'utiliser le MkII.
Ensuite j'installe la lame nouvellement affûtée dans le rabot et je m'assure qu'elle est bien parallèle à la semelle en rabotant un planche mince alternativement d'un côté et de l'autre jusqu'à ce que j'obtienne la même épaisseur de copeaux de chaque côté. Juste avec le son produit lors du rabotage on peut dire si les copeaux ont la même épaisseur.
La meilleure méthode que j'ai trouvée pour savoir si ma lame coupe vraiment bien est de couper du grain de bout dans un bois dur. Ici j'ai de l'érable 5/4" avec une lame ayant déjà servie (pas fraichement affutée) et un vieux Stanley no.4 ayant appartenu à mon grand-père.
J'ai fait un vidéo que vous pouvez voir ici.
Normand
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