Bonjour à tous,
À nos débuts dans l'ébénisterie manuelle nous avons évidemment tout un lot d'outils à nous procurer. Il y a trois possibilités pour les rabots soit, moderne du genre Lie-Nielsen, ancien restauré ou ancien non-restauré - osons le dire - tout rouillé.
Dans le texte qui suit j'utilise le terme mise-en-forme au lieu de restauré. La mise-en-forme permet au rabot de fonctionner et la restauration lui redonne de l'esthétique.
Aucun de ces rabots ne fonctionnera correctement s'il n'est pas bien affûté, même le plus cher. Lorsque notre niveau d'affûtage commence à s'améliorer le rabot moderne fonctionnera correctement (pas encore parfaitement) mais les anciens, mis-en-forme ou pas, risquent de moins bien fonctionner.
Voici le rabot qui m'a servi pour ce billet.
Stanley no. 4 |
Ce que j'ai constaté pour la majorité des anciens rabots:
1) la semelle est arrondie
Rabot à semelle arrondie sur la largeur |
3) le siège est mal assis dans la semelle et il n'est pas droit (le fer ne pourra pas s'asseoir parfaitement dessus, spécialement près du tranchant)
Le siège ne peut pas être bien assis si c'est sur de la rouille |
Siège rouillé et qui n'est sûrement pas plat |
Dans plusieurs cas:
4) les poignées ne sont pas solides et les tiges doivent être raccourcies un petit peu.
5) le contrefer ne s'assoie pas correctement sur la lame
6) la lame est piquée par la rouille au point de contact entre celle-ci et le contrefer
Lame piquée par la rouille |
1) J'utilise du papier sablé en courroie que je pose sur une surface de vitre. Pour les petits rabots c'est rapide mais ça peut être long pour des no. 7 par exemple.
2) Le numéro 2 va un peu avec le numéro 6. Dépendant du degré de rouille, il n'est pas rare que j'utilise mon touret manuel pour enlever toute la section piquée. Ensuite, sur une pierre diamantée, je fais un biseau arrière de peut-être 1/2 ou 1 degré jusqu'à ce que j'obtienne du métal sain au tranchant et ce, sur toute la largeur de la lame. Je peux maintenant affûter le fer en suivant ma procédure habituelle.
Biseau arrière sur pierre diamantée |
3) Asseoir le siège correctement est quelquefois problématique. Ces rabots sont conçus avec un siège qui a quatre points de contact avec la semelle et il n'y a aucun truc que je connaisse pour rectifier les deux points de contact dans la semelle près de la lumière. Il faut donc s'attaquer aux points de contact situés sous les vis qui maintiennent le siège en place.
J'utilise une jauge d'épaisseur (filler gauge) de 0.015" pour vérifier si le siège touche la semelle près de la lumière. Si ma jauge détermine qu'il y a du jeu à gauche alors j'abaisse, en limant, l'appui qui se trouve sous les vis du siège, du côté gauche.
Jauge d'épaisseur du côté gauche. Ici c'est bon, elle ne passe pas entre la semelle et le siège. |
Rectifier la surface du siège se fait simplement sur du papier sablé en enlevant la vis qui maintient le presseur. Je n'enlève pas le mécanisme d'ajustement latéral de la lame. Je l'ai tenté une fois et j'ai brisé le siège...
4) Je ne sais pas pourquoi mais plusieurs des tiges qui maintiennent la poignée principale sont trop longues. Avec une scie à métaux, j'enlève l'équivalent de deux filets et je lime cette coupe pour former un début de cône. Ceci aidera grandement la vis à s'insérer correctement à sa place.
5) Je traite le contrefer presque comme une lame. Je veux que l'extrémité qui s'assoie sur le dos de la lame soit bien plat et lisse. Pour être certain que l'extrémité du contrefer se marie parfaitement au dos de la lame (c'est important parce que si c'est mal fait les copeaux se glisseront entre les deux), sur une pierre, j'abaisse le haut du contrefer de façon à ce que sa pointe forme un angle légèrement négatif.
4) Je ne sais pas pourquoi mais plusieurs des tiges qui maintiennent la poignée principale sont trop longues. Avec une scie à métaux, j'enlève l'équivalent de deux filets et je lime cette coupe pour former un début de cône. Ceci aidera grandement la vis à s'insérer correctement à sa place.
5) Je traite le contrefer presque comme une lame. Je veux que l'extrémité qui s'assoie sur le dos de la lame soit bien plat et lisse. Pour être certain que l'extrémité du contrefer se marie parfaitement au dos de la lame (c'est important parce que si c'est mal fait les copeaux se glisseront entre les deux), sur une pierre, j'abaisse le haut du contrefer de façon à ce que sa pointe forme un angle légèrement négatif.
Talon du contrefer légèrement plus bas que la pierre. |
6) Si la lame n'est piquée qu'au point de jonction entre celle-ci et le contrefer, j'enlève toute cette portion de lame. Si c'est généralisé, comme on en retrouve souvent chez les antiquaires, je n'essai même pas de la réparer. Je sais que je ne pourrai pas obtenir de bons résultats quoi que je fasse et je dois trouver une autre lame.
Ça m'a pris un certain temps pour trouver des solutions à tous ces problèmes et je me disais que je pourrais vous en faire profiter, c'est maintenant chose faite!
Tout ceci pour en venir à la comparaison entre les rabots modernes et les anciens Stanley, Record ou Millers Falls.
Quand le travail de restauration est bien fait, il n'y a presque pas de différence entre les onéreux rabots modernes et les anciens. La différence principale que je peux voir est dans le rabotage de grain de bout, où une lame moderne et épaisse a moins tendance à vibrer. L'autre différence notable est dans l'usure rapide du tranchant de lames anciennes par rapport aux lames modernes. Voir l'étude que j'ai réalisé à ce sujet.
Le problème principal du débutant est la qualité de son affûtage et, quelque soit le rabot, ça ne fonctionnera pas trop bien. Lorsque son affûtage s'améliore, un rabot moderne est tout indiqué ou un rabot qui a été restauré par une personne qui s'y connait.
Je vais tenter de vous donner une idée un peu plus précise. Si vous lisez mon billet sur la grande planche à découper, vous allez réaliser la quantité de bois en grain de bout que j'ai dû raboter. Même si je possède deux rabots à angle faible de Véritas, je ne les ai pratiquement pas utilisé - disons 10% du temps. Je diviserais l'autre 90% à part égale entre un Woodriver no.4 et un 5-1/4 de Stanley.
Le Woodriver est un rabot moderne comparable à LV ou LN pour pas mal moins cher. Un Stanley no.5 (les 5-1/4 sont plus rares) peut se trouver un peu partout pour vraiment pas cher et être mis-en-forme suffisamment bien pour compétitionner les grandes marques.
Je pense qu'un débutant devrait se trouver un rabot ancien déjà mis-en-forme et pratiquer son affûtage. Lorsqu'il sait ce qu'un bon rabot combiné avec un bon affûtage peut faire, il peut alors prendre la décision de tenter une mise-en-forme ou tout simplement payer plus pour un rabot moderne.
Normand
Ça m'a pris un certain temps pour trouver des solutions à tous ces problèmes et je me disais que je pourrais vous en faire profiter, c'est maintenant chose faite!
Tout ceci pour en venir à la comparaison entre les rabots modernes et les anciens Stanley, Record ou Millers Falls.
Quand le travail de restauration est bien fait, il n'y a presque pas de différence entre les onéreux rabots modernes et les anciens. La différence principale que je peux voir est dans le rabotage de grain de bout, où une lame moderne et épaisse a moins tendance à vibrer. L'autre différence notable est dans l'usure rapide du tranchant de lames anciennes par rapport aux lames modernes. Voir l'étude que j'ai réalisé à ce sujet.
Le problème principal du débutant est la qualité de son affûtage et, quelque soit le rabot, ça ne fonctionnera pas trop bien. Lorsque son affûtage s'améliore, un rabot moderne est tout indiqué ou un rabot qui a été restauré par une personne qui s'y connait.
Je vais tenter de vous donner une idée un peu plus précise. Si vous lisez mon billet sur la grande planche à découper, vous allez réaliser la quantité de bois en grain de bout que j'ai dû raboter. Même si je possède deux rabots à angle faible de Véritas, je ne les ai pratiquement pas utilisé - disons 10% du temps. Je diviserais l'autre 90% à part égale entre un Woodriver no.4 et un 5-1/4 de Stanley.
Le Woodriver est un rabot moderne comparable à LV ou LN pour pas mal moins cher. Un Stanley no.5 (les 5-1/4 sont plus rares) peut se trouver un peu partout pour vraiment pas cher et être mis-en-forme suffisamment bien pour compétitionner les grandes marques.
Je pense qu'un débutant devrait se trouver un rabot ancien déjà mis-en-forme et pratiquer son affûtage. Lorsqu'il sait ce qu'un bon rabot combiné avec un bon affûtage peut faire, il peut alors prendre la décision de tenter une mise-en-forme ou tout simplement payer plus pour un rabot moderne.
Normand
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