mardi 8 mai 2018

Evaluation: Stanley 45

Cet outil est en condition quasi-parfaite et a toutes ses pièces incluant le jeu de lames.  J'ai trouvé, grâce à la toile, le manuel de l'utilisateur et ce billet servira a démontrer tous les types de moulures, feuillures, dados ou rainures qu'il peut réaliser.




Vue de dessus.




Jeu complet de lames.  Aucune n'a été affûtée.  Beaucoup de travail en vue...



Je dois affûter toutes ces fers et si vous voulez connaitre ma technique j'ai un vidéo là-dessus et aussi un billet.

Donc, dans l'ordre de la brochure de Stanley, voici les différentes applications.

1.Réaliser des feuillures.

Avec le grain:
Je choisis un fer neuf de 16mm (5/8") que je dois affûter.  Il a les dos très rond et n'est pas d'équerre.  J'insère le fer maintenant affûté à sa position et j'ai de la difficulté à ajuster la profondeur de coupe mais c'est la première fois que j'utilise cet outil alors on verra avec l'usage si je m'améliore.

Dans le manuel d'instruction ils disent que c'est un rabot ambidextre - je suis gaucher - et je réalise qu'il n'y a pas de butée de profondeur lorsqu'il est utilisé pour un gaucher.  C'est pratique d'avoir une butée mais je ne m'en sert presque pas avec mes autres outils.

Le fait d'avoir un rabot ambidextre est passablement important lorsqu'on a à raboter contre le grain.  C'est un des problèmes des rabots Stanley style 78 ou avec le petit bouvet de Veritas que je possède.  Avec le rabot à feuillure Veritas, puisque la lame est oblique c'est un peu moins problématique mais il est quand même préférable d'avoir la possibilité de raboter dans les deux directions.

Arrangement du 45 pour cette opération.




La réalisation de la feuillure est très facile en utilisant du sapin Douglas et je suis agréablement surpris.  Habituellement j'utilise le feuilleret oblique de Veritas pour ces feuillures mais j'ai préféré utiliser le Stanley 45.



On peut voir l'épaisseur des copeaux sur la photo suivante.



Je refais le même essai avec du cerisier en ayant réduit la profondeur de coupe et tout va pour le mieux jusqu'à maintenant.



Les feuillures sont à 90° ce qui est passablement difficile à réaliser avec le feuilleret oblique de Veritas que je possède.

Donc, réussite totale pour des feuillures avec le grain.

Perpendiculaire au grain:
Je dois débuter par affûter un tranche-fil et ces petites pièces ne sont pas facile à maintenir lors de l'affûtage.  Aussitôt terminé, je ré-assemble le tout et je réalise facilement une feuillure dans du bois mou (sapin Douglas).  Le résultat est bon mais j'ai de meilleurs résultats avec un couteau, ciseau et guimbarde.



Je tente le tout dans du bois plus dur (noyer cendré) et il y a quelque chose qui ne va pas.
Le tranche-fil est simplement trop long et, pour que le fer puisse prendre une coupe, le tranche-fil doit marquer trop profondément ce bois plus dur et je dois appuyer très fort verticalement sur le rabot.  Je raccourci le tranche-fil mais je n'ose pas le raccourcir trop.

Essai réussi quoique passablement plus difficile que pour le bois mou.  Dans ce cas-ci, avantage pour le feuilleret oblique de Veritas mais je vois très bien qu'un tranche-fil plus court améliorerait le Stanley.



J'aurais probablement du réduire la profondeur de coupe parce qu'il y a eu passablement d'arrachement au fond de la feuillure.  Avec un feuilleret oblique il y a moins d'arrachement.  J'ai encore de meilleurs résultats avec ma technique habituelle de couteau/guimbarde, parce que le haut du "mur", à l'endroit où il joint la surface apparente, n'est pas tout à fait à mon goût, il y a de petits éclats.

Résultats mitigés... Je ne suis pas encore prêt à utiliser le Stanley 45 pour faire des feuillures au travers du grain pour un de mes projets.

2. Dados
Un dado a deux côtés et je dois affûter un autre tranche-fil parce qu'il est nécessaire d'en avoir deux pour cette opération.  Je débute l'essai avec du sapin et c'est très facile.



Je dois dire que les côtés du dado, là ou ils rencontrent la surface finie, sont encore un peu endommagés.  Mes dados habituels sont mieux réussis.  Je ne suis pas certain que je vais utiliser le 45 la prochaine fois mais c'est peut-être l'ébéniste qui a besoin de pratique...

J'essai la même chose avec le noyer cendré.  Je n'y arrive pas.  Encore une fois c'est le même problème de tranche-fil trop long.  Dans ce cas-ci, il y en a deux et je les raccourcis un peu tous les deux.

Le résultat n'est pas bon.  Ça fonctionne mais je dois peser de toutes mes forces et c'est loin d'être optimal pour le contrôle.  Par deux fois la lame sort du dado (en haut à droite).



Je raccourci encore ces fameux tranche-fils et le résultat n'est toujours pas adéquat.  Trop de force est requise et le mur n'est pas droit - je n'ai pas le contrôle parce que je travaille trop physiquement.



Je les ai encore raccourcis mais le résultat n'est toujours pas satisfaisant.  Le 45 ne semble pas fait pour ce travail.  J'y reviendrai à un autre moment si je peux trouver une solution.  Si je continu à raccourcir ces tranche-fil ils seront bientôt trop court.
Résultat: non satisfaisant.

3. Profil baguette.
Le Stanley 45 d'origine comprenait une boite de couteaux qui contient sept fers avec des profils de type baguette.  J'en affûte un, qui a encore un dos très bombé, et ça me prend pas mal de temps pour en venir à bout.

Voici l'arrangement requis pour faire des baguettes.  Il y a un patin de chaque côté de la lame et ils aident vraiment à garder l'outil parallèle à la pièce.



Je tente une baguette dans du bois mou et ça fonctionne très bien.



Dans du cerisier c'est encore très façile.



Donc, les baguettes sont un succès.

4. Baguettes de bordure (beading match boards).
Pour faire ce genre de baguettes, l'accessoire suivant appelé "beading gauge" doit être installé (le gauge ressemble à une butée de profondeur).



Vue de dessous.



Ce "gauge" n'est en fait qu'une butée latérale.  Un des problèmes est que si je veux l'utiliser, le 45 devient un outil de droitier.  Je n'ai pas fait l'essai mais je suis convaincu que je peux obtenir le même résultat avec le guide latéral et ainsi travailler dans la position gaucher.

Essai dans du bois mou.



Dans l'image ci-haut, la baguette du haut a été réalisée contre le grain et il y pas mal d'arrachement.  Celle du bas est impeccable en rabotant avec le grain.  Gros avantage pour ce 45 comparativement à tout autre rabot moderne du genre.  Les rabots modernes sont soit pour gaucher soit pour droitier tandis que le 45 est généralement ambidextre.  La réalisation de cette baguette a été très facile.

Dans le bois dur.

C'est pas mal plus difficile spécialement parce que j'utilise le 45 comme un droitier.



La baguette du haut était contre le grain et, encore une fois, l'arrachement était au rendez-vous.  Celle du bas est nettement mieux et serait définitivement acceptable pour un projet.
Résultat pour baguettes de bordure: bon sans être excellent.

5. Baguettes centrales (center beading).
Premier essai dans du bois mou avec le guide latéral en positon normale.
C'est franchement facile et le résultat est excellent.


Dans du bois dur maintenant.



Une autre vue.



Le résultat est impeccable mais c'est nettement plus physique.

Pour des baguettes très éloignées, le manuel nous dit que le guide latéral doit être installé à l'envers.



Je ne suis pas certain que ça peut fonctionner comme cela parce que le rabot n'est maintenant plus horizontal.

De plus, à mesure que la baguette s'approfondira, le rabot sera de plus en plus penché puisque le guide ne peut descendre plus bas.

Le petit objet au centre de la dernière photo est une camme (cam rest) et il est des plus pratique.  En effet, une fois la coupe engagée avec la camme qui s'appuie sur la surface centrale, je pouvais utiliser mes deux mains, en arrière du rabot, et pousser sans craindre que le rabot penche du côté du guide.  Ce dispositif est une nouveauté pour moi et je ne comprends pas pourquoi les manufacturiers d'aujourd'hui ne l'incluent pas avec les nouveaux bouvets.

Résultat baguette centrale: excellent

6. Rainure et languette.
Nous débutons par la languette dans du bois mou.
Premier essai raté.



Mon erreur était d'avoir un des patins légèrement trop écartés et avec un seul d'entre eux sur la pièce il était impossible de garder l'équilibre.  Il faut s'assurer que les deux patins soient sur la pièce.

2e essai.



C'est loin d'être parfait mais ce serait acceptable pour une languette.  Je tente un 3e essai et là je rapproche encore les patins pour être bien certain que la paire me permet de garder l'équilibre.

Je tente un 3e essai et là je rapproche encore plus les patins pour être bien certain que la paire me permet de garder l'équilibre en reposant sur la pièce de bois.  J'obtiens une languette aussi parfaite que l'on pourrait l'espérer.  Donc, les patins ne doivent pas être aux bords extérieurs de votre pièce de bois.




Avec du bois franc.

J'ai eu plusieurs problèmes.  En premier lieu, les patins n'étaient pas droit (il faisaient un arc) ni parallèle l'un avec l'autre.  Ce n'est qu'après avoir rectifié cela que j'ai pu faire une languette adéquate.  Je me suis aussi rendu compte que les deux patins ne sont pas exactement à la même hauteur ce qui fait qu'il n'est pas possible d'avoir une coupe mince.  La lame doit être avancée au moins jusqu'à ce qu'elle dépasse le patin le plus long mais, pour le patin le plus court la lame a une projection trop grande.  Dans tout cela, la lame était bien d'équerre.



Une fois les patins rectifié, je tente un autre essai.



Tout à fait satisfaisant comme résultat.  J'aurais encore matière à améliorer la hauteur des patins mais ce sera pour un autre fois.

La rainure dans du bois mou.



Très facile à réaliser.

Pour du bois dur on peut aussi prendre des coupes conséquentes.



Très facile et j'ai utilisé du cerisier.

Voici un assemblage rainure et languette.  J'ai eu a diminuer l'épaisseur de la languette légèrement.  J'ai suivi les instructions et utilisé un fer 6mm (1/4") pour la rainure mais c'était trop serré pour la languette.



Résultats rainures et languettes: impeccable.

7. Moulurière de fenêtre  (sash plane).
Ce fer, comme tous les autres à date, même s'ils sont neuf et sans rouille, a le dos vraiment rond et le tranchant ne forme pas un angle de 90° avec le côté du fer.  Beaucoup de travail pour le rendre opérationnel.

Tout d'abord dans du bois mou.



Très facile.

Pour du bois plus dur, ici de l'acajou.



Ça n'a pas été facile.  Les deux tranchants de ce fer large doivent être absolument égaux en projection par rapport à chacun des patins.  Initialement, même si le fer a été affûté strictement perpendiculaire aux côtés ce n'était pas adéquat parce que les patins ne sont pas exactement à la même hauteur.  J'ai donc du tricher sur l'affûtage (ne pas affûter à 90°) et ce n'est pas encore au point même si je m'en approche.

La lumière était continuellement bloquée par les copeaux que je devais les enlever toutes les 3 ou 4 coupes.  J'ai relevé le guide de profondeur et le problème n'a pas été résolu.



8. Slitting ou refendre en séparant ou coupant.
Voici à quoi ressemble cet accessoire.



On peut refendre une planche mince à la largeur voulue.



Mais le résultat n'est pas trop bon.



De toutes manières je devrais raboter cette surface.  Je ne vois pas vraiment d'applications pour ce couteau dans mon atelier.

Les essais sont maintenant terminés et j'aurais quelques remarques générales:
  • Les fers neufs sont dans une condition affreuse qui nécessite pas mal de savoir faire pour les rendre opérationnels.
  • Les patins doivent être rigoureusement de la même hauteur et, à mesure qu'on agrandi l'écart entre les deux (un des patins glisse sur des tiges rondes), le parallélisme en est modifié, affectant la stabilité du rabot.
  • Dans l'ensemble j'ai bien aimé cet outil versatile.
  • La mise-au-point de l'outil nécessite une bonne connaissance de ses composantes et de leur fonction mais je m'attendais à plus de difficulté.
  • Avec ses deux patins, le 45 peut être gardé bien d'équerre par rapport à la pièce.  Ceci n'est pas le cas de certains outils modernes que je possède.
  • C'est un outil que je qualifierais d'ambidextre.
  • Contrairement à ma première expérience avec l'ajustement de profondeur, avec un peu de pratique cette opération est relativement aisée.
Février 2022:  J'ai gardé cet outil plusieurs années dans mon atelier sans jamais recourir à ses services.  Je l'ai donc revendu même s'il fonctionnait relativement bien.  Quelques fois je me demande si j'ai bien fait...

Normand

2 commentaires:

  1. Bonjour,Normand Leblanc.Je suis moi même possesseur d'un stanley 45 et le manuel d'utilisation m'aurais très interessé.Serait-il possible de me le transmettre par email(damien1982@mailfence.com)?Et sinon,quel est l'angle d'affutage des fers?25° ou 30°?Merçi d'avance pour votre réponse,cordialement.

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    1. Il semble que l'hyperlien vers ce manuel ne fonctionnait plus. J'ai réparé cela et donc, au début de ce billet, vous retrouverez facilement un lien fonctionnel pour le manuel du 45.

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